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FANTAISIES LINGUISTIQUES

LINGUISTICAL FANTASIES

ET SI ON PARLAIT NOMBRES ?

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Version bilingue 3.6 du 30 Décembre 2006

Bilingual version 3.6, December 30th 2006


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C'est quand même plus pratique d'écrire  cent octante deux euros nonante neuf cents que cent quatre-vingt deux euros quatre-vingt-dix-neuf cents !


Les dizaines 70, 80 et 90

La construction des noms français des dizaines suit trois logiques distinctes :
10 et 20 sont des noms consacrés, au même titre que les chiffres zéro, un, ... neuf, et les nombres cent, mille.
De 30 ... 60, le nom des dizaines est construit à partir du nom du chiffre et de la terminaison ante : quatre + ante donne quarante.

Pour 70, on utilise le mot composé soixante-dix (il faut ajouter les deux termes).
Pour 80, on utilise le mot composé quatre-vingt (il faut multiplier les deux termes).
Pour 90, on utilise le mot composé de trois termes quatre-vingt-dix : il faut multiplier les deux premiers termes et ajouter au produit le troisième terme.
Ainsi donc, pour écrire 97, il faut 4 termes : quatre-vingt-dix-sept.

Où se situe la logique dans tout cela ? certains termes sont  multipliés, d'autres termes sont ajoutés.

Nos voisins francophones belges et suisses utilisent les termes : septante, octante (belge) ou huitante (suisse) et nonante, qui sont assurément plus pratiques et logiques.  Il suffit de faire une dictée de nombres pour comprendre : pour 97, on commence par écrire 8, puis par le barrer pour un neuf quand le 17 arrive. Essayez de remplir un tableau de nombres dictés sur un tableur : vous comprendrez vite le problème.

On retrouve l'idée de la multiplication des termes de quatre-vingt dans quinze-vingt qui représente 300. L'hôpital parisien des quinze-vingt comprenait quinze chambres de vingt places (à moins que cela ne fut le contraire). Maintenant, on peut toujours s'amuser à remplacer 400 par vingt-vingt et caetera ...

Dans l'apprentissage des nombres à l'école élémentaire, les enseignants arrivent vite à 69 et marquent une étape avant d'attaquer les trois dernières dizaines. Plusieurs d'entre-eux m'ont confié qu'ils enseigneraient volontiers septante, octante et nonante, s'ils n'étaient pas sûrs de se heurter au conservatisme des parents, leur incompréhension, sinon leur hostilité.

Si le système décimal puise son origine dans les dix doigts de nos deux mains (en anglais digit qui signifie chiffre vient du français digital, ce qui se rapporte aux doigts), il n'est pas impossible que l'usage de compter en multiples de vingt provienne d'un temps où les personnes marchaient pied-nus et utilisaient leurs vingt doigts de mains et de pieds pour compter (1). Un individu représentaient alors 20 doigts, et on utilisait une numération implicite en base 20. D'où la persistance des quatre-vingt (4 dizaines en base 20) et quinze-vingt (15 dizaines en base 20) propres à la langue parlée en France, mais ne s'agirait-il pas plutôt de termes de patois introduits par l'école de la République dans le langage officiel ?

(1)  Dans certains groupes ethniques, il est possible de compter "sur ses doigts" jusqu'à 100 ou plus en utilisant les phalanges et même différentes parties du corps comme les bras ou les épaules.
Pour ma part, j'ai totalement adopté septante, octante et nonante y compris dans la rédaction des chèques (C'est quand même plus pratique d'écrire 
cent octante deux euros nonante neuf cents
que cent quatre-vingt deux euros quatre-vingt-dix-neuf cents ! 
quite à me faire quelques fois identifier comme belge ou suisse par mes concitoyens. Cela n'est pas grave, et même bien au contraire, le bilinguisme a toujours constitué un plus.

Les nombres 17, 18 et 19

La construction des noms français des nombres de la première dizaine suit deux logiques distinctes, avec une rupture entre 16 et 17 :

Les nombres de 11 à 16 sont construits en prenant le chiffre et en y ajouant une terminaison ze :

un + ze donne unze = onze
deux + ze donne deuxze = douze
trois + ze donne troisze = treize
quatre + ze = quatreze = quatorze
cinq ou quint donne quintze = quinze. En fait quint est une ancienne écriture de cinq, comme dans Charles-quint qui est en fait Charles le cinquième du nom
six +ze donne sixze = seize.

Les nombres 17 à 19 sont construits sous forme de noms-composés, sous la forme de 10 suivi du chiffre 7 à 9 : dix-sept, dix-huit et dix-neuf. Il faut comprendre que les deux nombres doivent être ajoutés et non multipliés comme dans quatre-vingt.

Pour suivre la logique des nombres de 11 à 16, il faudrait reprendre la racine de l'unité et lui adjoindre la terminaison ze :
sept + ze = septze ou sepze ?
huit + ze = huitze ou huize ?
neuf + ze = neufze ou noze ?

Et pourquoi pas ? En matière de langage, Ne serait-ce pas l'usage qui créerait la fonction ?

Références

Voici d'autres sites qui abordent ces questions ...

http://www.langue-fr.net/index/S/septante.htm

http://www.langue-fr.net/ougrapo/numeraux.htm

http://eureka.povlab.org/fiche.php?qid=358

http://monsu.desiderio.free.fr/curiosites/septante.html

http://www.graner.net/nicolas/nombres/condorcet-exp.php


Page crée le 1er Mai 2005
Version 2.2 du 1er Mai 2005
Version bilingue 3.6 du 30 Décembre 2006

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